Dans cet article, nous vous invitons à découvrir l’art de la table et les manières de se tenir à table au cours de différentes époques et cultures. De l’Antiquité grecque au Japon traditionaliste, en passant par le Moyen Âge européen et les fastes de Louis XIV, plongeons-nous dans l’histoire des repas et des banquets à travers les siècles.
Dans la Grèce antique, les banquets étaient des occasions importantes pour les citoyens des cités-États, permettant de renforcer les liens sociaux, de discuter d’art, de politique et de philosophie, et de célébrer des succès militaires ou des victoires athlétiques. Les convives étaient généralement des hommes adultes, bien que les femmes et les enfants pouvaient y être présents dans certains contextes.
Au cours de ces banquets, la hiérarchie sociale était clairement affichée : les citoyens les plus respectés étaient assis en premier, tandis que les autres invités prenaient place selon leur rang. Les esclaves, quant à eux, étaient chargés du service et de l’approvisionnement en nourriture et en boissons.
Le repas était généralement composé de trois parties. La première partie, appelée deipnon, était constituée de plats à base de céréales, de légumes et de poisson. La deuxième partie, le symposion, était consacrée à la consommation de vin mélangé à de l’eau et accompagné de chants, de poèmes et de discussions. Enfin, le komos correspondait à une procession nocturne dans les rues de la cité, au cours de laquelle les participants chantaient et dansaient.
Les ustensiles utilisés lors de ces banquets étaient souvent en terre cuite ou en métal précieux et reflétaient l’importance accordée à l’esthétique et au savoir-vivre. Des fresques et des œuvres d’art, comme celles que l’on peut admirer au musée national d’Athènes ou au musée du Louvre à Paris, témoignent de cette tradition raffinée.
Les manières de table au Moyen Âge : un reflet des valeurs chevaleresques
Durant le Moyen Âge, les repas étaient l’occasion pour les aristocrates et les chevaliers de montrer leur respect des valeurs chevaleresques, telles que la courtoisie et l’honneur. Ainsi, les manières à table étaient considérées comme un signe de distinction sociale et de bonne éducation.
Dans les châteaux et les manoirs, les repas étaient pris dans la salle à manger, où les convives étaient assis selon un ordre hiérarchique précis. Les tables étaient généralement disposées en forme de U ou de T pour faciliter le service et la communication entre les convives. Les plats étaient apportés par des serviteurs et déposés sur un dressoir, avant d’être servis aux convives.
Le service se faisait à la française, c’est-à-dire que tous les plats étaient présentés en même temps et que chacun se servait à sa convenance. Les aliments étaient souvent très épicés, afin de masquer le goût des viandes qui n’étaient pas toujours fraîches.
Le pain, les fruits et les légumes avaient une place importante dans l’alimentation médiévale, tandis que la consommation de viande était plus limitée, notamment pour des raisons religieuses. L’eau et le vin étaient les boissons les plus courantes.
La table de Louis XIV : un modèle d’opulence et de faste
Sous le règne de Louis XIV, la cour de Versailles fut un modèle de raffinement et de luxe, où l’art de la table atteignit son apogée. Le roi accordait une importance particulière à la gastronomie et aux banquets, qui étaient l’occasion de manifester sa puissance et son prestige.
Les repas étaient servis dans des salles somptueusement décorées, avec des tables ornées de nappes en dentelle et de vaisselle en or ou en argent. Les convives étaient assis selon un ordre précis, reflétant leur rang à la cour.
Les menus étaient élaborés par des cuisiniers talentueux et comprenaient une grande variété de plats, tels que des viandes en sauces, des poissons, des légumes et des pâtisseries. Le vin, souvent produit dans les vignobles royaux, était considéré comme le meilleur de France.
Les repas se déroulaient en plusieurs services, entrecoupés de divertissements, tels que des concerts ou des spectacles. Les convives étaient tenus de respecter un strict protocole, qui exigeait, entre autres, de se laver les mains avant de s’asseoir à table, de ne pas parler la bouche pleine et de ne pas manger avec les doigts.
Le thé japonais : l’expression d’une esthétique et d’une philosophie
Au Japon, l’art de la table prend une dimension spirituelle et esthétique à travers la cérémonie du thé, ou chanoyu. Cette tradition remonte au XVIe siècle et reflète les valeurs du bouddhisme zen, telles que la simplicité, la modestie et la quête de l’harmonie avec la nature.
La cérémonie se déroule dans un lieu spécialement aménagé, appelé chashitsu, où les participants sont assis sur des tatamis. L’hôte prépare et sert le thé en suivant un protocole précis, qui inclut la purification des ustensiles, le choix des bols à thé et la disposition des objets sur la table.
Les participants doivent également respecter un certain nombre de règles, telles que saluer l’hôte et les autres convives, admirer la calligraphie ou l’objet d’art exposé dans la pièce, et prendre le thé en tenant le bol à deux mains.
La cérémonie du thé est un moment de communion entre les participants, qui partagent un instant de beauté et de sérénité. Elle reflète ainsi l’essence-même de l’art de la table, qui est d’établir une harmonie entre les convives, les objets et les mets, dans une atmosphère propice au partage et à l’épanouissement spirituel.
Comme nous avons pu le constater, l’art de la table a évolué au cours des siècles et des cultures, reflétant les valeurs, les croyances et les préoccupations de chaque époque. Qu’il s’agisse des banquets grecs, des manières de table au Moyen Âge, de l’opulence de la cour de Louis XIV ou de la cérémonie du thé japonais, l’art de la table constitue un témoignage précieux de notre histoire et de notre diversité culturelle.