La Renaissance, période charnière dans l’histoire de l’art de la table, a profondément transformé les habitudes et les pratiques culinaires en France. Du XVIe au XVIIIe siècle, les arts de la table ont évolué sous l’influence de l’art, de la mode et des innovations techniques, donnant naissance à de nouveaux styles et usages. Dans cet article, nous vous proposons d’explorer ces changements, depuis la vaisselle d’apparat dorée jusqu’à l’emploi de la fourchette, en passant par l’évolution des couverts et des verres.
La vaisselle d’apparat au service du pouvoir
Au Moyen Âge, les pièces de vaisselle étaient avant tout des objets de prestige, fabriqués en métaux précieux comme l’or et l’argent. Leur rôle était de témoigner du rang et de la richesse de leur propriétaire, dans un contexte où la salle à manger était un lieu de représentation et de pouvoir. Les grandes tables des nobles étaient ainsi ornées de plats, d’aiguières et de gobelets en or, reflétant leur prestige social.
Au XVIe siècle, sous l’influence de la Renaissance, l’art de la table se transforme, marqué par une véritable révolution esthétique. Les objets deviennent plus raffinés, avec une recherche accrue de la beauté et de l’équilibre des formes. Les artistes de l’époque, comme Benvenuto Cellini ou Francesco Primaticcio, sont sollicités pour créer des pièces de vaisselle d’apparat toujours plus élaborées, véritables œuvres d’art.
L’apparition des porcelaines et faïences
C’est également au cours de cette période qu’apparaissent en France les porcelaines et faïences, qui vont progressivement remplacer la vaisselle en métal. Plus légères et moins coûteuses, ces céramiques offrent une grande diversité de décors et de couleurs, permettant de créer des services de table harmonieux et raffinés.
La faïence de Rouen, par exemple, devient très prisée au XVIIe siècle, grâce à sa qualité et à la finesse de ses motifs. Le style « à la Berain », caractérisé par des arabesques, des rinceaux et des figures mythologiques, est particulièrement apprécié dans les demeures aristocratiques de l’époque.
Du couteau à la fourchette : l’évolution des couverts
Au Moyen Âge, les couverts étaient réduits à leur plus simple expression : un couteau et une cuillère. La fourchette, quant à elle, était absente des tables françaises, malgré son usage courant dans d’autres régions d’Europe, comme l’Italie. C’est Catherine de Médicis qui, en épousant le futur roi Henri II de France, introduit la fourchette à la cour en 1533.
Au début, cet ustensile est perçu comme une curiosité et un luxe réservé à l’élite, mais il gagne progressivement en popularité au XVIIe siècle. La fourchette permet de manger plus proprement et avec plus de raffinement, en évitant de toucher les aliments avec les doigts. Elle devient ainsi un symbole de civilisation et de bonnes manières.
De nouveaux types de couverts
Parallèlement, de nouveaux types de couverts apparaissent pour répondre aux besoins spécifiques de la cuisine française. Les cuillères à soupe, par exemple, sont inventées pour déguster les potages et les bouillons, très en vogue à l’époque. Les couverts à poisson, à dessert ou à fromage font également leur apparition, témoignant de la sophistication croissante de l’art de la table.
L’essor du verre et l’évolution des verres à vin
Au XVIe siècle, le verre commence à supplanter les gobelets en métal pour la consommation des boissons. Les verriers français, notamment ceux de la région de Saint-Gobain, développent des techniques de fabrication innovantes, permettant de réaliser des verres d’une grande finesse et d’une transparence inégalée.
Les verres à vin se diversifient, avec des formes adaptées aux différents types de vins : verres à pied pour les vins rouges, verres à eau pour les vins blancs, flûtes pour les vins effervescents. Cette diversification témoigne du raffinement croissant de la culture du vin en France, qui se traduit par une attention accrue aux accords mets-vins et à la dégustation.
À travers ces quelques exemples, nous avons pu observer les transformations majeures qui ont marqué l’art de la table pendant la Renaissance. Des innovations esthétiques aux progrès techniques, en passant par l’introduction de nouveaux usages et l’essor du verre, cette période a profondément façonné notre manière actuelle de dresser et d’apprécier la table.
Il est intéressant de constater que ces évolutions ne sont pas figées, mais continuent de s’adapter aux goûts et aux préoccupations de chaque époque. Ainsi, l’art de la table reste un domaine en perpétuelle mutation, témoignant de la créativité et de l’ingéniosité des hommes et des femmes qui le font vivre.